EPILOGUE

J'ai été secoué, compressé, agressé par le bruit et la poussière, on m'a roté à la figure, envoyé n'importe où et dis n'importe quoi et pourtant je me suis rarement senti aussi bien quelque part ! Inde multiple, simple et déroutante, sale parfois et splendide toujours avec une constante : la gentillesse de ses habitants, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Son peuple est beau, souriant, aimable et attachant et fort heureusement la misère à l'air de reculer. J'ai par bonheur des attaches affectives suffisamment fortes en France pour ne pas regretter mon départ dans quelques heures mais c'est avec un pincement au coeur que je vais partir, consolé par la ferme intention de revenir bientôt. Merci d'avoir suivi ce périple.

59. - FORT COCHIN

J'aime Fort Cochin, sa quiétude, sa nature indolente, son charme suranné, la patine de ses murs, ses canaux, le sourire et la gentillesse de ses habitants. Ville historiquement de grande tolérance, elle abrite une synagogue depuis 1568, elle est aussi très axée sur l'art et la culture : biennale, festivals, galeries et art mural foisonnent. C'est bien sûr une ville-île ouverte sur l'océan et le reste du monde ; ça fleure l'air du large, le poisson frais et les épices. Il n'est pas exclu que je vienne me poser par ici un de ces quatre...

J'ai revu le marchand de glace, nous nous sommes retrouvés comme des amis de toujours, il m'avait préparé un CD des morceaux qui m'avaient tant bouleversé. Je lui ai concocté une clé USB de tangos et ragas pour le remercier. C'est aujourd'hui ma dernière journée de "vacances", j'ai un programme chargé : vélo, concert de musique du Rajasthan, Cherai beach sur Vypeen island, coucher de soleil et dîner d'adieu... snif !

58. - MUNNAR FORT-COCHIN

Avec ça on devrait s'en sortir !

Ah ce départ ! Nous devions nous retrouver avec Lise et Gérard à 8 heures à la gare routière de New Munar, dans la ville haute. Nous nous installons dans le car en partance histoire de garder des places, il est sensé partir à 8 h 40 direct pour Cochin, horaire et destination vérifiés auprès de trois personnes comme c'est l'usage. Et patatras à 8 h 20 le bus s'en va ; les bagages sont bloqués et le car archi plein, pas moyen de descendre. Nous passons trombe devant le dépôt d'Old Munar, 3 km plus bas et là : Lise et Gérard ! Je hurle "stop" au chauffeur consterné, puis descend les chercher : "our friends over there, we have to pick them up !" dès que les voyageurs comprennent ce qui se passe, tout le monde est hilare. Nous voici donc réunis à bord, contents de nous être retrouvés et là nous apprenons que le bus s'arrête à 30 km d'Ernakulam !

Léger flottement, et puis vogue la galère, de toute façon ici tout fini par s'arranger. Le trajet est assez remuant et l'autocar est réellement bondé au début. Les paysages sont magnifiques et notre véhicule doté d'un klaxon italien du tonnerre, pauvres tympans ! A la finale ce semi-direct est encore mieux, à Aluva nous pouvons sauter dans le bus qui nous suit, il nous déposera à Fort Cochin. La dernière partie du parcours est un vrai jeu vidéo le bus se faufile à une vitesse folle klaxonnant à tout va, ça sort de partout !

Le chauffeur, un p'tit sécos tout en bras a une élégance certaine dans les changements de vitesse et une concentration extrême : tout peut arriver à n'importe quel moment ! Parvenus à bon port chacun regagne sa guest respective, nous nous retrouverons sur le front de mer pour le coucher de soleil.

57. - AUTOUR DE MUNNAR

Les Indiens aiment beaucoup la photo...

Ce matin nous avons rendez-vous avec Lise, Annekatrin et Gérard, Giovanna est partie pour Kochin car elle rentre dans quelques jours et souhaite voir les backwaters. Nous avons prévu une balade en taxi aux environs de Munnar, circuit classique jusqu'à Top view puis retour. 

Top station, entre Kerala et Tamil Nadu

Les plantations sont un enchantement et le lac de retenue de Madupatty donne aux paysages des allures d'Alpes miniatures. La température en altitude est douce, voire un peu fraîche le soir mais c'est tellement bon. Luxe suprême : la petite couverture qui va bien ! Le chauffeur du 4 x 4 redescend une bonne partie de la route en roue libre, il y a même des courses silencieuses entre 4 x 4 qui s'improvisent ! Nous avons le plaisir d'apercevoir un éléphant sauvage au bord d'une rivière au fond d'une vallée, un peu frustrant mais mieux que rien, je me rattraperais une autre fois pour les animaux. Au retour nous achetons du thé et des fruits au bazar. J'arrive à récupérer un nouveau sac de riz... ils doivent en avoir marre de me voir roder alors ils me l'offrent, déroutant mais sympa ! Demain matin c'est le départ pour Fort Cochin...

Le marchand de jasmin

56. - MINI TREKKING A MUNNAR

Fleur d'un plant de thé femelle

Départ au petit matin avec Giovanna la Romaine étudiante en chinois, Annekatrin la Berlinoise danseuse contemporaine et notre guide. L'une comme l'autre parle parfaitement quatre langues. Nous sortons de la ville en suivant la rivière puis grimpons dans les plantations. Avant ici ne vivaient que quelques tribus dans les forêts d'eucalyptus. Du thé en Inde il y en avait à Darjeling et à Ooty. En 1880 les Anglais découvrent le coin et décident d'abattre les arbres et de planter du thé à la place... Notre guide nous explique plein de trucs sur le thé et l'environnement, nous grimpons pendant deux heures puis vient la pause petit-déj.

Buisson de cardamome

Sur le chemin nous découvrons une maison dans un arbre, la rando tourne Adventure Land... Les filles décident de continuer pour la journée entière et me propose de les suivre mais je préfère rentrer, on se verra plus tard. Voilà schuss ou ciao, enfin à plus tard...

55. - ALLEPEY COCHIN MUNNAR

Le ferry pour Ernakulam

Nous, la french team, passons notre dernière soirée ensemble au Chakara, le resto de la Raheem Residency considéré, et je le confirme, comme le meilleur resto de la ville ; c'est d'ailleurs avec Dune, le mariage et la St-Sylvestre l'endroit où j'ai le mieux mangé en Inde. Maria et Guillaume me proposent de remonter sur Cochin avec eux dans leur carrosse, j'accepte avec plaisir. Brève installation au Costa gama à Fort Cochin, belle balade à vélo à travers la ville. Je me rend sur le front de mer pour le soleil couchant, un marchand de glace passe des airs classiques du vieux répertoire. C'est magnifique, dans quelques jours je quitterai ce pays si attachant, j'en ai les larmes aux yeux.

Le lendemain c'est le départ : rickshaw pour l'embarcadère, ferry pour Ernakulam, rickshaw pour la gare routière et enfin 5 heures de bus pour rejoindre Munar en début d'après-midi. J'ai le temps de me poser au Green view inn et de faire un tour en ville. Dodo de bonne heure car demain j'ai une rando dans les plantations de thé environnantes.

Green view inn, immeuble vert à coté du rose, à droite. Ils aiment le rose ici...

54. - BACKWATERS A ALLEPEY

Lise et Gérard m'ont proposé une promenade sur les canaux, un canot passe les prendre au pied de leur resort, il faut que je les rejoigne au nord de la ville à 6 h 30. Vu l'heure je n'ai pas fait de promesse mais, réveillé à 5 heures et assez tenté par cette excursion, un coup de rickshaw et je me retrouve au coeur des backwaters pour le lever du soleil. Le canot est aussi beau que confortable. Cette promenade s'avérera très intéressante. Nous sommes dans la vraie vie, pêcheurs, ablutions matinales, jeux aquatiques des enfants, écoliers en partance pour les cours attendant les ferries, battage du linge... Tout y est !

Maison-ile ou ile-maison ?

Nous croisons parfois, lorsque nous empruntons les grandes artères fluviales des processions d'énormes house boats avec clim, groupe électrogène, TV générant de multiples pollutions. C'est assez triste de voir ce magnifique peuple de l'eau pataugé dans leur paradis souillé d'hydrocarbure. Les house boats ne nous font pas rêver ! Nous sommes contents dans notre petit bateau sur les petits canaux. Nous y faisons même parfois de curieuses rencontres...

Aigle pecheur... et pas empaillé,

53. - KOLLAM ALLEPEY

Je me sentirais presque léger avec mon nouveau bagage... Je file à l'embarcadère plein d'un espoir exaucé, le ferry est à quai ! Je vais pouvoir remonter les 84 km de canaux qui me séparent d'Allepey. Ca commence bien avec la déesse de la lumière... A bord je fais la connaissance d'un couple de Réunionnais, Lise et Gérard qui ont rencontré Ghis et Franck juste avant leur départ de l'île Bourbon, le monde est tout petit. Les huit heures de trajet s'étirent paresseusement avec une courte pause déjeuner puis thé. Nous arrivons vers 18 heures à Allepey. Le Cherakara nest est une vieille demeure charmante, ma grande chambre est à l'ancienne, en bois ciré, 4,50 m sous plafond et pourvue d'un immense ventilateur. Avec un couple de jeunes Français, Maria et Guillaume rencontrés également sur le bateau nous avons convenu d'un dîner au Mushroom, vanté dans les guides pour la qualité de sa cuisine ; ils ne parlaient pas des courses de rats dodus sur la terrasse, attraction originale ! Ces p'tits Français ont une voiture avec chauffeur, c'est bien agréable de se faire raccompagner au "nid".

52. - KOLLAM

J'ai pris le Kerala express, celui qui relie Trivandrum à New Delhi en 50 heures... mon voyage ne dure que 30 mn, j'en serais presque a envié ceux partant ainsi. Me voici donc à Kollam où j'ai réservé trois nuits dans un très bon hôtel, le Nani. Je réussi lundi matin à expédier par India post 13 kg de matos vers la France, je croise les doigts pour récupérer mes copains les tigres à mon retour. L'office du tourisme gouvernemental organise une découverte en canoé des backwaters. Le périple a lieu sur l'île de Munroe que nous rejoignons (un Français avec ses deux grands fils et un jeune Québecquois) en Ambassador.

C'est folklo, après 30 mn de route nous embarquons sur un bac pour rejoindre l'île. Nous serpentons par un réseau de petits canaux entre les habitations et les plantations. C'est très paisible hormis la célébration de l'anniversaire du temple. Des hauts parleurs déversent des chants à n'en plus finir... au début c'est sympa mais ça devient vite prise de tête. Heureusement à un moment ça s'arrête et nous pouvons enfin profiter de la quiétude de la balade, le canoe guidé à la perche  fendant sans bruit le miroir de l'onde. 

Nous découvrons divers aspects de la vie locale : exploitation du coco, fabrication des cordes, plantations d'ananas, pisciculture. Les hibiscus et les poivriers poussent le long des berges retenues pas des filets en coco tressé. Le retour aura lieu à la tombée du jour. J'ai TV5 monde dans la piaule, je n'ai pas regardé le petit écran depuis mon départ. Aujourd'hui c'est le départ pour Allepey, 8 heures de bateau, enfin si il y a un bateau qui part...

51. - VARKALA

Encore une journée bien remplie. Rickshaw de la gare de Varkala au Santa Claus resort, petit hôtel propret sur la falaise. Les vues mer sont occupées mais la chambre est sympa avec une petite terrasse. C'est très touristique, une boutique, une boutique, un restau... j'explore vite fait la côte sud, puis après le petit déj pars pour une longue promenade vers le nord, plus sauvage. J'ai dû faire au moins 10 km traversant au passage quelques villages de pêcheurs.

Les embarcations sont curieuses, des radeaux et des bateaux cousus ! C'est impressionnant de voir les pecheurs sur ces frèles esquifs surtout qu'ils n'hésitent pa sà sauter à l'eau pour rabattre le poisson.

Je découvre également de très belles peintures murales signées AEC INTERESNI KAZKI.

De retour et après un coucher de soleil somptueux inondant les falaises d'un rouge orangé, je suis allé voir un spectacle de kathakali commenté en anglais. C'est très expressif et intéressant avec de vieux musiciens dont un baillait à s'en décrocher la mâchoire ; enfin même si le spectacle était bien je n'irai pas tous les soirs...

Là je suis installé en terrasse avec pour fond sonore le ressac en bas des falaises et une petite brise de mer des plus rafraîchissante. J'attend deux jumbos tiger prawns qui dépassent la livre. Je les avais réservées en passant devant, pas pu résister ! J'espère que la cuisson sera bien, je suis affamé car je n'ai pas déjeuner ce midi ! Demain baignade matinale puis départ pour Quillon vers midi. J'ai peut être un plan avec la poste indienne (ça promet...) pour me délester, ça ferait pas de mal ! A plus.