17. - C'EST BON, JE GERE !

Pendant ce temps... voici son récit : Dans la frénésie générale, trouver une place vacante est une quête sans merci. Aucune dans les compartiments voisins de celui de GG et Manu, je me mets alors en quête d'un légendaire "Ladies Compartment"... Traversant avec peine des wagons/dortoirs bondés, je mise finalement mes chances sur la 2de classe qu'on me dit toute proche. 12 wagons plus tard, je traverse au milieu des bassines et des bidons le wagon cuisine et découvre avec bonheur la 2de classe et une plateforme entièrement vide! Je pose enfin mon sac et me prépare à m'asseoir par terre quand un cuisinier me fait savoir qu'il est interdit de squatter les soufflets et me renvoie chez les sleepers... Epuisée j'aperçois une banquette vide, comme une oasis dans le désert. C'est elle d'un homme qu monte à la station suivante avec sa famille et qui insiste pour que je partage la couchette avec sa fille d'une quinzaine d'années, tête bêche, les pieds enveloppés dans nos couvertures. Dans les allées, très vite, le moindre espace est occupé par des hommes dormant sur des journaux. J'hésite à bousculer tout le monde pour remonter le train sans savoir dans quel wagon se trouvent Manu et GG. Je regretterais de ne pas avoir eu ce courage. Le dos cassé sur mon sac je pique du nez de courts instants, je suis frigorifiée et, comme bon nombre d'Indiens résignée à l'attente, sport national de ce pays. Je n'ai pas l'heure, les lumières sont éteintes et il n'y a plus d'autres bruits que celui des boogies sur les rails. Nous passons une petite station, puis deux et je demande l'heure, il est cinq heures. "Chiplu ?" - "Later !"... après deux autres gares je me faufile vers les portes du wagon, il y a un peu de lumière. "Chiplu ?" je décrypte le geste de la main que je reçois comme une claque : nous avons déjà passé l'arrêt.